Les pairs-aidants sont-ils gages de qualité des structures où ils exercent? [anonyme]

VERSION AUDIO


J’ai l’impression d’être une mannequin dans une vitrine là pour faire joli ou une bête de foire c’est selon. Cela m’a encouragée à quitter mon emploi pour me sentir humaine à nouveau et cesser d’être traitée comme un trophée.

J’ai été embauchée dans un service d’intra-hospitalier en psychiatrie dont les responsables voulaient certainement montrer qu’eux aussi ils « faisaient du rétablissement » et étaient à la pointe dans les bonnes pratiques en psychiatrie. De nos jours pour être à la pointe il faut un pair-aidant en santé mentale alors on est embauchés sans que l’équipe en ait été informée ou même seulement préparée.

J’accompagne aux conférences, je suis dans les réunions avec les pontes, les financeurs avec le rôle de totem d’immunité. Rien ne peut être reproché au service ni à mes responsables ni à l’établissement car je suis là et identifiée comme une modèle de rétablissement. Cependant (quoi qu’il soit montré de moi ou que sois supposée montrer de moi) je fais pas le travail de pair-aidante qui me motivait tant et pour le coup je ne suis pas particulièrement bienvenue aux réunions d’équipe ni aux entretiens avec les usagers ni dans le bureau infirmier.

Mes collègues courent dans tous les sens et beaucoup tentent de faire de leur mieux avec les conditions sanitaires actuelles. Ils ne sont pas malveillants mais personne ne leur a appris que la pair-aidance n’allait pas les faire passer à la trappe et que les pairs-aidants étaient des professionnels et non des espions rapportant chacune des paroles entendues aux autorités.

Je travaille dans ce service depuis plus de deux ans et les choses ne se sont pas tellement améliorées et même si j’entends que le service manque de psychiatres et d’infirmiers mes responsables ne font pas tellement d’effort pour que je puisse faire mon travail tel qu’il est écrit dans mon contrat et ma fiche de poste. Je sais que je ne suis pas la seule paire-aidante à me trouver dans cette situation et il faut que ça change, il faut faire en sorte que les équipes soient préparées à ce que nous arrivions sans les brusquer et même si ça revient à organiser des formations ou des supervisions ou utiliser des fonds de l’hôpital ils faut que ces professionnels soient préparés à notre venue.

Les soignants et travailleurs sociaux devraient entendre parler de la pair-aidance lors de leur formation initiale pour que la rencontre entre eux et nous se passent le plus posément possible sauf que pour le moment ce sujet n’est pas assez abordé en formation alors il faut que les responsables des établissements et des services insistent sur l’importance des sujets de la pair-aidance et du rétablissement en formation continue.

Je lis ce blog et j’échange avec mes collègues pairs-aidants francophones et je vois que ça ne se passe pas comme ça pour tout le monde et que des services sont vraiment prêts à nous accueillir et nous accepter tel qu’on est et qu’on n’est pas tous juste là pour apposer sur un lieu un label de qualité sans qu’il se passe quoi que ce soit en réalité.

La plupart du temps les services qui embauchent des pairs-aidants sont un peu plus avancé dans leur démarche d’aller vers des pratiques orientées rétablissement que les autres et parfois beaucoup plus avancés sur l’échelle des pratiques de la psychiatrie française mais il y a encore du travail à faire et pour ma part je quitte la vitrine.

Anonyme


EN TANT QUE TELLE:

Pour proposer vos contributions c’est ici
Qu’est ce que le projet En tant que telle ?
Aider En tant que telle
Versions audio d’En tant que telle
Nous contacter

3 réflexions sur “Les pairs-aidants sont-ils gages de qualité des structures où ils exercent? [anonyme]

  1. Claire Olgiati

    Pourrais je vous contacter car ce sujet m’intéresse. Je désire faire mon mémoire de médiateur de santé pair sur le sujet de l’intégration des pairs aidants dans les équipes soignantes?

    J’aime

Laisser un commentaire