Je suis une paire aidante professionnelle non rétablie [G.]

VERSION AUDIO


Je suis pas rétablie

et je suis paire aidante professionnelle.

Déjà le rétablissement c’est un parcours.

On n’a jamais fini.

Après avoir dit ça…

Il y a plein de moments où je vais pas bien

du tout.

Je gère comme je peux,

c’est-à-dire pas trop mal.

Mais vraiment,

vraiment,

l’exigence d’un niveau de rétablissement « élevé »…

Ça m’énerve,

beaucoup.

Je me force à cacher que je vais mal quand ça arrive.

Ça arrive encore souvent.

Parce que je suis supposée être un exemple,

et que je veux pas qu’on se serve de mes faiblesses contre moi…

qu’on ne m’écoute pas en réunion,

qu’on se dise que je ne peux plus faire d’entretiens individuels.

Je me demande si je suis une impostrice

parce que

je vois pas de pairs aidants qui disent qu’ils vont mal

et que je me dis que,

soit ils vont bien

soit ils se disent qu’il ne faut pas en parler

soit je ne les connais pas assez

soit je ne les vois pas, et ne sais pas où ils sont.

Parfois je me sens nulle, pas à la hauteur,

je me sens pas d’aller au travail,

on dirait que je suis en plus mauvais état que mes pairs.

Mais…

je crois que les autres pairs aidants ont peur

comme moi

de se montrer vulnérables.

Je pense que je suis pas seule,

mais je me sens seule.

Les structures exigent presque qu’on « soit rétablis »

ou au moins que ce soit le cas depuis …

plus de x années.

Quand on entre en formation aussi.

Je sais pas comment c’est possible.

Pour moi ça l’est pas.

Je gère mieux,

je me retrouve pu en hospit sous contrainte

parce que

je fuis l’hôpital,

et que si jamais j’y allais

ça serait à ma demande.

Je vois que des collègues soignants parfois vont pas très bien,

qu’ils osent parfois parler de leur vie privée

et disent qu’ils sont au bout du rouleau.

A part partager que je suis fatiguée,

ma souffrance n’est connue que partiellement de mes amis

très peu de mes pairs professionnels,

extrêmement peu de mes collègues.

Seul mon psy est au courant de ce qui se passe vraiment pour moi.

On continue à ajuster mon traitement,

je me retrouve en sevrage,

ou avec la découverte de nouveaux effets secondaires,

ou en crise,

avec la reprise de symptômes

que j’ai du mal à accorder avec mon quotidien.

Je me donne l’ordre à moi même de dire aux autres que

cet état, c’est du passé.

Même si c’est du présent et du futur,

on dirait que je dois garder la face,

même si il y a le risque que je m’écroule.

Je ne suis plus capable de faire un autre travail.

J’ai peur de perdre celui là.

J’ai peur.

Et je voudrais qu’on puisse se dire qu’on va mal,

même juste parfois,

et que c’est pas qu’on est nuls comme pairs-aidants.

J’ai des ressources en dehors du travail,

alors je me sens capable de continuer

parce que j’aime bien ce travail

et que j’ai besoin d’argent pour vivre.

Si j’ai pas cet argent j’ai pu de psy.

Si j’ai pu de psy je m’écroule.

Si je m’écroule je serai une paire incapable d’aider ses pairs.

Et puis je crois que je suis une plutôt bonne paire aidante…

ça serait dommage.

Alors.

A mes collègues pairs aidants,

qu’on se connaisse ou pas,

vous avez le droit d’aller mal,

et vous êtes pas nuls pour autant.

G.


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