Qu’est ce qu’un pair-aidant en santé mentale? #1 [Sonia SUEZ]

Je tiens à témoigner de ce qu’est pour moi la pair aidance, ayant obtenu mon diplôme en 2015. Depuis le métier n’a pas été reconnu et je n’ai jamais obtenu de poste rémunéré. Lors d’un évènement marseillais « la folle histoire de fou » j’ai même débattu sur le statut des médiateurs avec l’ex Maire de Marseille 15ème 16ème devenu députée.

Ceci est visible sur TV MARSS ou avec mon ex-nom d’épouse Sonia Rozes sur YouTube.

          Depuis j’ai recommencé une VAE de Moniteur éducateur, là où j’en étais avant ce DESIU. Avec ce DESIU on m’a fait miroiter un poste, que la France ne veut pour moi accepter, le savoir expérientiel n’a pas de valeur aux yeux des employeurs et des structures, pourtant il est sans égal surtout quand il est complété par de solides formations.

Voici ce que j’avais écris et qui est toujours vrai sur les pairs aidants.

Sonia SUEZ

 

La pair-aidance: définition

Elle repose sur l’entraide entre personnes souffrant ou ayant souffert d’une même maladie, psychique. Les groupes de support entre personnes ayant vécu des expériences similaires ; Le partage du vécu de la maladie et du parcours de rétablissement constituent les principaux fondamentaux de la pair-aidance (groupes de parole, groupes d’entraide mutuelle, intégration de pairs aidant dans les services de soins.)

L’intégration de pairs en tant que professionnels, dans les équipes soignantes se développe de plus en plus notamment au Québec, aux USA, au Royaume Uni, en Nouvelle Zélande etc.

Ce partage d’expériences de vécu donne des effets positifs et rassure sur le fait que nous ne sommes pas seuls à vivre ce combat. La pair-aidance a une vocation de réhabilitation psychosociale, et vise à ce que l’individu sorte du statut de « patient » pour devenir « acteur de son rétablissement de sa vie ».

 

Le pair-aidant et ses missions

Il s’agit d’un acte au cours duquel des personnes utilisatrices de services de santé mentale offrent un soutien à leurs pairs à partir de leur propre expérience du trouble mental et du rétablissement. On échange sur notre vécu sur les obstacles à affronter, les effets secondaires, les idées noires, nos expériences, les principes clé étant le respect, la confidentialité et l’entente mutuelle. Il n’y a pas ce lien de supériorité ou d’infériorité comme avec les soignants on est des « compagnons de galère »

Le pair aidant partage avec ses pairs les expériences personnelles qui l’ont mené au rétablissement ainsi que les outils qu’il a lui-même testé. L’exemple de l’état de santé et des capacités d’un pair ayant l’expérience du rétablissement permet à la personne de reprendre confiance en elle et en son potentiel. Cela permet de rompre avec une mauvaise image de soi et de sortir de l’isolement.

Cette démarche d’entraide permet d’exprimer leur potentiel, leurs aptitudes de s’inscrire dans une citoyenneté participative. Elle est valorisante.

Favoriser l’accès aux soins, participer à l’accompagnement des usagers dans les démarches d’accès aux droits sociaux, le développement d’habiletés sociales dans la communauté ou encore l’activité favorisant l’insertion sociale.

La pair-aidance permet de faire entrer la psychiatrie dans la communauté, et la communauté dans la psychiatrie, comme l’a recommandé l’OMS lors de sa conférence européenne de 2006.

L’intégration en tant que professionnels dans les équipes soignantes, de personnes ayant vécu un trouble psychique et s’en étant rétablies, tant à se développer. En France un projet expérimental « médiateurs de santé-pairs » a débuté en janvier 2012.

Le médiateur de santé pair est un « membre du personnel qui, dans le cadre de son travail, partage son histoire de rétablissement, ou son savoir-faire expérientiel dans le but de redonner de l’espoir, de servir de modèle d’identification, d’offrir du soutien de l’inspiration et de l’information aux personnes qui vivent des situations similaires à celles qu’il a vécues. C’est un échange ce type d’interaction permet le rapprochement des relations qui se tissent de sorte qu’elle favorise l’intégration sociale et évite que l’usager se sente comme un malade mental dans la communauté. »

 

 

Les bénéfices observés pour les utilisateurs de pairs aidants

Les six points clés

  1. ESPOIR = croyance en un avenir meilleur créé par la rencontre des personnes qui se rétablissent, qui ont trouvé leur voie à travers les difficultés qu’ils ont surmontées. En fait, beaucoup de personnes qui ont reçu du soutien par des pairs sont étonnée de rencontrer des personnes qui décrivent le fait d’avoir vécu des expériences similaires (Ratzlatt et Coll 2006)
  2. REPRISE DU POUVOIR D’AGIR l’amélioration de la reprise du pouvoir d’agir est attribuable à la nouvelle façon d’agir et de penser qui émerge de la réciprocité qui caractérise la relation de soutien par les pairs (Davidson et Coll)
  1. SOUTIEN SOCIAL ET FONCTIONNEMENT SOCIAL beaucoup d’usagers ont peu de contact social. Mead affirme que l’engagement au sein d’une relation de soutien par les pairs permet la création et la mise en place d’une nouvelle identité qui s’élabore au sein d’un environnement sain et soutenant.
  1. EMPATHIE ET RECONNAISSANCE dans une étude expérimentale randomisée comparant les résultats de l’intervention auprès de personne bénéficiant du soutien par les pairs ou du suivi traditionnel, Sells et ses collaborateurs ont fait la démonstration que les usagers ayant reçu l’aide des pairs ont déclaré avoir un plus grand sentiment d’être reconnu et compris comparativement aux usagers ayant bénéficié des services traditionnels fournis par les dispensateurs de service de santé mentale.

 

  1. REDUCTION DE LA STIGMATISATION: les pairs aidants incarnent la possibilité de la reconnaissance et du succès, de sorte qu’ils peuvent surmonter les barrières engendrées par l’auto-stigmatisation (Ochoka)

 

  1. REDUCTION DU TAUX D’ADMISSION EN HOSPITAISATION ET MAINTIEN DANS LA COMMUNAUTE:
    Dans plusieurs études dont celle de MIN par exemple on constate que les usagers impliqués dans un programme de soutien par les pairs ont affiché de plus longues durées de maintien dans la communauté et enregistré de façon significative moins de ré-hospitalisations sur une période de 3 ans.

 

 

Les responsabilités du pair

Sa responsabilité première est d’offrir ses services d’interventions conçus pour aider les personnes utilisatrices à reprendre le contrôle sur leurs propres vies ainsi que dans leur processus de rétablissement.

Cela en :

  • suscitant l’espoir que le rétablissement est possible,
  • enseignant et démontrant la valeur du savoir expérientiel,
  • transmettant des méthodes d’adaptation et d’autodétermination,
  • luttant contre la discrimination,
  • sensibilisant le personnel,
  • aidant ses pairs à combattre la stigmatisation,
  • amenant un regard différent sur les troubles mentaux,
  • défendant les droits des usagers,
  • aidant ses pairs à l’empowerment.

Mon but et de sensibiliser le personnel à ces préjugés et à sa façon, j’espère involontaire, de stigmatiser la personne utilisatrice. Mais aussi d’amener un regard différent, de l’intérieur, pour faciliter la compréhension médecin/ soigné.

Pour moi la pair aidance nous rappelle l’empathie, la solidarité, la justice, l’égalité et le respect. Ce sont mes convictions mes croyances et désormais mon but.

Je souhaite que nous soyons reconnus et intégrés dans les équipes de soin car nous nous savons ce que c’est de l’intérieur cela peut aider à changer certaines vies chaotiques de certains usagers qui comme moi à l’époque ne croient plus en rien.

Je veux véhiculer l’espoir qu’un nouveau paradigme est possible que mon combat et celui de ceux qui partagent ma vie n’ont pas servi à rien

Il n’y a plus grand honneur que de faciliter ce processus de rétablissement de maintenir l’espoir !

En plus c’est un besoin pour moi d’être au contact de mes pairs.

 

SONIA SUEZ
Pair-Aidante
SbyS
sbysmartigues@gmail.com

 

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